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ENTRETIEN - ARTICLE sur ARASSOCIES

« De peur d’oublier, je préfère capturer ! ». Ce sont les mots d’Alex Pixelle, une jeune photographe passionnée et en pleine ascension. Appréciée pour son « regard » dans de multiples domaines (live, cinéma, book…) et son enthousiasme communicatif, nous avons voulu en savoir plus sur son parcours et son travail, notamment sur le plateau.

Bonjour Alex, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Alex Pixelle, j’ai 27 ans. Je suis photographe professionnelle depuis 6 ans. Spécialisée avant tout dans la photo de concert au début de mon activité, c’est la photo de plateau qui a pris le dessus depuis deux ans, ainsi que la réalisation de book d’artistes et comédiens.

Comment définirais-tu ton style photographique ?
J’aime le naturel, la matière brute. Pour moi, la photo est synonyme d’émotions.

… et ton travail sur un plateau ?
Je me sens un peu comme un électron libre. J’ai une certaine autonomie qui me permet de livrer ma propre vision du film tout en répondant au cahier des charges de la production.
Mon plaisir : tout « shooter » ! Mettre en valeur les techniciens, les photos d’installations techniques, les décors, et bien sur les comédiens en action. Choper le bon moment, un regard, une intention !
J’essaie toujours d’être sur le plateau. Je veux qu’on comprenne le film en voyant mes images. Retranscrire une aventure humaine et montrer notre quotidien correspond à la vision que j’ai de ce métier. 


As-tu suivi une formation ou es-tu autodidacte ?

Je suis dans le second cas. J’ai toujours rêvé d’être photographe. Adolescent, on vous explique la plupart du temps que ce n’est pas un vrai métier… J’ai du coup fait un BTS tourisme tout en gardant mon rêve dans un coin de ma tête.
J’ai appris la photo par « logique » des réglages : trop de lumière, pas assez, j’augmente les isos, je diminue la profondeur de champ, je modifie le temps de pose selon la situation et vice versa. Je fais tout au feeling !

Quand as-tu eu le déclic ?
Un jour, il y a eu un tournage chez mon père, à Blois dans la région Centre. Ils ont utilisé sa terrasse pour différentes séquences en multi-caméra. J’ai donc pris mon appareil (un petit bridge numérique assez polyvalent en son temps) et pris des clichés. Une soixantaine de techniciens qui bougeaient dans tous les sens et qui mettaient tout en oeuvre pour sublimer une scène de quelques secondes ! J’ai adoré cet univers, totalement inconnu pour moi à l’époque. Le réalisateur du film m’a conseillé de me lancer dans le domaine lorsqu’il a vu mon travail.
J’ai gardé ça en mémoire sans savoir encore ce que je désirais vraiment. Toutefois, La musique était une évidence. Pourquoi ne pas essayer de faire des photos d’artistes, de scènes… et in fine de plateau. Une fois mes études terminées, je me suis donc dit pourquoi pas tenter l’aventure ! Confortée par les retours positifs des professionnels et de fil en aiguille, j’ai monté ma boite pour travailler avec des prods audiovisuelles, musicales mais également pour la presse et les particuliers.

Comment trouves-tu tes opportunités professionnelles ?
Les trois quarts du temps, le bouche à oreille. Ce sont des contacts qui me rappellent et/ou qui me recommandent. Le reste, c’est moi qui fouine pour trouver des tournages.

Est-ce que Facebook t’aide également ?
Bien sur. Les actualités de festivals pour les scènes et les tournages qui se préparent grâce à mon réseau. Certains professionnels me contactent également par ce biais. J’en fais tout autant. :)

Comment ça se passe quand tu rencontres une production ?
Toujours très bien ! Je leur explique dés le départ ma façon de travailler. J’ai la chance d’être sur des projets qui m’intéressent et où mon travail est reconnu. Alors forcément, les rapports sont agréables.

Les photos d’exploitations sont incontournables pour les distributeurs. Une grosse responsabilité. Comment s’est déroulée ta première fois ? Stressée ?
N’étant partie de rien et en ayant appris sur le tas (je n’ai jamais rencontré de photographe de plateau pour m’apprendre les bases), j’ai commencé sur des courts métrages … puis quand LE projet avec de l’enjeu arrive, on commence à flipper ! On se dit « ah ok d’accord ! Ca ne rigole pas. Je dois pas me louper ».
Les photos servant à toute la communication du film (affiche, dossier de presse…), elles doivent mettre en valeur l’univers du film et les personnages. Les coups de stress permettent de grandir et de prendre confiance. 

Le photographe de plateau cinéma, d’après la convention collective, éxécute, en accord avec le réalisateur, le directeur de la photographie et le producteur, les photos du film pour la production, en vue de l’exploitation et de la promotion du film. Il est responsable de leur qualité technique et assure la compatibilité des supports photographiques.

Pas simple de se faire discret sur un plateau tout en faisant son travail de photographe. Raconte-nous. As-tu des astuces ? 
En amont, je lis le scénario, je me fais mon propre découpage et note tout ce qui me semble essentiel à couvrir (décors, scènes, personnages…). Une fois que j’ai le plan de travail, je cible les priorités, les jours où il me semble intéressant de venir en concertation, bien sur, avec les besoins de la production et du réalisateur. Quand j’arrive sur le plateau (30 à 45 minutes avant le « PAT » en général), je me balade selon la place disponible… J’avoue qu’un décor en extérieur me plait d’avantage qu’une cage d’escalier. :)

Un photographe de plateau est rarement présent sur tout le tournage. La production, le réalisateur et ce dernier définissent généralement ensemble les jours qui se prêtent au mieux aux photos d’exploitations.

Attentive aux autres et à la « mécanique » du plateau, je sens ou pas quand c’est le bon moment pour « shooter »… mais il est vrai que cela s’apprend avec l’expérience. Selon les plans, je regarde le cadre qui me donne une idée d’où me placer sinon, en cas de doute, je demande à l’équipe image où je peux me cacher pendant la prise pour ne pas être dans la lumière. Mais c’est sans compter l’ingé son ou le perchman qui trouvent souvent le moyen de prendre ma place à la dernière minute. ;)

Quelle est ta relation avec le 1er assistant réalisateur ?
Sereine généralement ! Je lui demande régulièrement quels sont les prochains axes caméras, les temps approximatifs de telle ou telle installation… afin d’anticiper le meilleur moment pour réaliser quelques photos qu’on m’a demandées ou que j’aimerais faire. Egalement, s’il y a des « restrictions » particulières concernant les comédiens…

As-tu déjà eu une mauvaise expérience avec un premier ?
C’était sur un long à mes débuts. J’étais encore assez timide, peu confiante. Sur ce film, j’étais virée de la face constamment alors que ce n’était pas toujours justifié. Il n’y a rien de plus frustrant, de ne rien faire et d’attendre « ta minute ». De rater des images importantes. Depuis, je n’ai pas eu de mauvaises expériences. Les bons assistants réalisateurs existent ! ;) Il suffit simplement de se mettre d’accord en amont, d’avoir du bon sens et de communiquer.

Un bon premier est pour moi à l’écoute et ne doit pas communiquer son stress. Que ce soit sur le plateau bien entendu et encore plus avec moi. ;)


Quel est ton sujet favori ? Comédiens, techniciens ?
Pas simple d’y répondre. Les deux sont très différents.
Je suis en kiffe en étant sur un plateau avec des directeurs photo que j’admire. J’adore les écouter, apprendre d’eux et les « shooter » en plein travail ! C’est le pied !
J’aime aussi énormément photographier les installations lumières et machineries… Voir les techniciens de l’image à pied d’oeuvre pour que le plan soit top. Et puis le reste de l’équipe bien entendu. Ca me plait de les observer en pleine concentration, dans les moments de détente et aussi de doute.
Egalement, les comédiens que j’aime beaucoup. J’ai de la chance d’être sur des films avec des gens qui ont des gueules. Il n’y a rien de plus excitant pour un photographe. D’autant plus sur un plateau de tournage peu conventionnel comme sur un film d’époque, en costumes et dans des décors atypiques ou prestigieux.

Avec quel matériel travailles-tu ?
Côté boitier, j’ai un 5D Mark III de chez Canon et un Sony A7R2. J’ai différentes optiques histoire d’avoir un large éventail de possibilités : 24-70 2.8 mm / 50-55 et 85 mm 1.8 / 70-200 mm en Zeiss et Canon. J’ai également une moufle pour le 5D. Mon Sony, totalement silencieux, me permet de ne pas avoir de blimp, assez lourd et peu pratique (NDLR : le blimp est un boitier externe dont la fonction est d’insonoriser l’appareil photo pour le son).


Pourquoi pas Nikon ?
Franchement ? Je sais pas moi même ! :) Le fait d’avoir débuté avec un 400D peut être. La prise en main, le rendu et la configuration me convenaient très bien. Je n’ai jamais changé de marque au final. Mais pourquoi pas un jour en effet.

As tu une focale préférée ?
La longue focale. Le 200mm particulièrement. J’adore les portraits mais je n’aime pas du tout la photo « figée » ou « posée ». Du coup, j’aime bien être loin pour shooter sans être vu. Saisir l’instant, c’est mon truc.

Quel logiciel utilises-tu pour « travailler » tes photos ? 
Lightroom d’Adobe plutôt que Photoshop car je préfère miser sur la prise de vue plutôt que sur la retouche. Lightroom me satisfait donc pleinement de ce point de vue.


Si tu avais un conseil à donner aux personnes qui aimeraient s’orienter vers ton métier, quel serait-il ?
D’être passionné. De savoir s’adapter à chaque situation, de s’intégrer à l’équipe et de ne pas écouter les gens qui te disent que tu ne réussiras jamais.
Les photographes sélectifs qui ne « shoote » que l’acteur principal et la voiture qui explose pour finalement partir en catimini ensuite… Vous voyez ce que je veux dire ? :)
Il ne faut pas se mentir. Cela prends du temps pour pouvoir en vivre… Il faut rapidement un « book » pour ensuite démarcher et trouver du boulot. Ce métier, c’est beaucoup de travail et de témérité.




692 Vues Actualité publiée le 08-08-2017 par
Alex Pixelle

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